jeudi 28 janvier 2010

Métier n° 1 - Tailler pour conduire la vigne



Tailler la vigne c'est la grande occupation de janvier à mars. C'est un des actes les plus fondamentaux : en fonction de la taille, la récolte sera différente, en quantité et en qualité. Sur la jeune vigne de syrah on est en train de former le "gobelet" : un tronc de 30 cm, des bras d'une dizaine de centimètres qui se déploient au-dessus, bien ouverts, aérés. Cette méthode de taille est très ancienne, elle a l'avantage de produire une grande aération au niveau des grappes qui se forment, ce qui permet de garantir un bon état sanitaire du raisin et de limiter le traitement. Elle permet aussi une maturité homogène car, pour chacune des grappes, la distance à parcourir par la sève est à peu près la même. Ce n'est pas pareil pour le "cordon de Royat" ou la taille en "Guyot" par exemple, où les grappes du bout sont plus loin que les autres.

vendredi 22 janvier 2010

Métier n° 1 - Cultiver avec et malgré la nature



Cultiver bien sûr c'est utiliser les ressources naturelles au service d'un projet "humain" : on cultive toujours avec la nature mais, en même temps il faut s'en défendre car elle n'est pas à notre service ! Elle va son cours, qui ne se préoccupe pas du nôtre. Les jeunes plantations sont très "coûteuses" en préparation du terrain, en coût de main d'oeuvre, en soins à leur donner (notamment d'arrosage, de palissage etc.) et elles attirent vivement les lapins. Ces charmantes bestioles adorent les grignoter et elles font périr les plants. D'où les "manchons" de plastique qu'il faut poser un à un pour les protéger.


Pour les sangliers c'est un autre problème, il n'y a que les clôtures électriques pour s'en protéger : surtout pendant la période où les raisins sont mûrs et où il faut venir tous les jours pour vérifier l'état de la clôture et de la batterie...

dimanche 17 janvier 2010

Le nez et la bouche : des mots pour le dire



Pas de parfum sans nez ! L'intensité d'abord : du vin "fermé" au vin "exubérant" (en passant par : faible, discret, moyen, ouvert, expressif, puissant, intense). La qualité ensuite : franc, typé, fin, élégant, complexe, racé, simple (ou au contraire : pauvre, atypique, alcooleux, grossier, lourd, désagréable). Mais c'est dans la qualification des arômes que le vocabulaire s'emballe, avec l'imaginaire !

Fruité (cassis, cerise, mûre, framboise, groseille, citron, pamplemousse),
Floral (acacia, aubépine, rose, chèvrefeuille, violette, tilleul, miel),
Epicé (poivre, menthe, réglisse, vanille, cannelle, thym, anis),
Végétal (herbe, foin, fougère, tabac, thé, humus, sous-bois, poivron vert),
Animal (cuir, fourrure, musc, gibier, ambre),
Empyreumatique (fumé, grillé, cacao, caramel, café, pierre à fusil),
Ethéré (pomme verte, banane verte, bonbon, beurre, levure),
Boisé (chêne, cèdre, bois vert, vieux bois),
Minéral (silex, calcaire, schiste),
Balsamique (pin, résine, térébenthine)...

La bouche finalement, ne vient qu'en retrait : à elle les saveurs pour elle pourtant !
Sucré (sec, doux, moëlleux, liquoreux),
Acide (plat, mou, frais, vif, nerveux),
Amer ou salé : mieux vaut pas...

Pour les parfums c'est un fusil à deux coups, après l'olfaction, vient la rétro-olfaction (après la mise en bouche) : faible, moyenne, puissante ou intense.

Et le "corps" ? étoffé, plein, gras, charnu, charpenté, puissant (plutôt que maigre, léger, manquant...).

Ce sont peut-être bien les tanins qui font la différence : mûrs, souples, fins, élégant, soyeux (ou au contraire : asséchants, astringents, pointus, rustiques, verts).

Au final, l'intensité (longue, très longue, ou abrupte, courte).

Quant tout va bien, le vin est fin, franc, élégant, complexe, racé (sinon : simple, pauvre, désagréable).

(Informations redevables à M. Alexandre Golovko, oenologue et la photo udppc.asso.fr)

mercredi 13 janvier 2010

Couleurs de robes



Il est de bon ton de plaisanter parfois sur le vocabulaire "imagé" (et très spécialisé) des amateurs de vins. Qui n'a pas entendu d'anecdotes sur le dégustateur à l'aveugle qui ne distingue pas un rouge d'un blanc. Mais il faut des yeux justement pour distinguer le rouge du blanc, surtout quand les parfums et les saveurs s'en mêlent (... s'emmêlent !). Qui aurait l'idée de faire distinguer le doux, l'amer, l'acide et le sucré avec les doigts ou les oreilles ? Et pour le dire, il faut des mots aussi précis que possible pour décrire la couleur (de la masse et des reflets), l'intensité, l'éclat, la limpidité.

ROUGE : violacé, pourpre, cerise, rubis, grenat, tuilé, brun ;
ROSE : gris, rosé, clairet, framboise, saumon, rose orangé, pelure d’oignon ;
BLANC : clair, jaune pâle, jaune paille, jaune serin, dorée, jaune ambré, ambré.

INTENSITE (couleur légère ou foncée) : pâle, légère, moyenne, soutenue, foncée, profonde, sombre.
ECLAT (vivacité de la couleur) : terne, mat, lumineux, brillant, cristallin.
LIMPIDITE (présence ou non de trouble) : bourbeux, laiteux, trouble, voilé, opaque, limpide, transparent.

lundi 11 janvier 2010

Assemblage, alchimie des cépages et des terroirs


La démarche est toujours la même pour les quatre cuvées :
Dégustation des vins 2009, puis ceux de 2008 en cours d'élevage (barriques ou bouteilles), enfin dégustation des vins de référence de chaque cuvée en vente aujourd'hui. Cela permet d'assurer autant que possible la continuité, avec de légères modifications en fonction de l'évolution des goûts du consommateur, et des vins, pendant leur élevage. Les assemblages ont duré près de trois heures. Quand on fait l'assemblage : on équilibre à 5 ou 10 % près, avec plusieurs essais (4 ou 5), qu'on déguste à chaque fois, pour apprécier si on s'approche au plus près de l'objectif recherché.
Par exemple "Galaad" (cuvée haut de gamme 100% Syrah), un peu trop boisée sera atténuée, en ne prenant que 50 % de barrique neuve au lieu de 100%.
Pour Antérès (Syrah-Grenache) l'assemblage est construit avec les deux cuves (celle de la "vieille" vigne et la plus jeune) + le Grenache, avec un élevage en barrique.
Pour la Vigne de Gaspard (Cinsaut dominant, une vigne de 50 ans qui est un peu la signature du domaine) c'est plus difficile car il est très typé, il faut faire exprimer la personnalité du Cinsaut en dosant bien la part de Grenache : c'est à 5% près. Le Grenache apporte de la rondeur mais il n'en faut pas trop. L'élevage se fait uniquement en cuve.
Fontanalbe (Grenache + Syrah + Cinsaut, avec un peu d'élevage en barrique) est aussi difficile à faire pour atteindre le côté "vin de plaisir" qui est sa signature.
Le savoir essentiel c'est la dégustation : la première fois que je l'ai fait, ça m'est apparu comme une alchimie. C'était en 2001 : une révélation puisque le style de vin peut changer à un dosage de 5 % près. On a gardé quelques bouteilles de cette année là, du Gaspard : dix ans après on retrouve cette signature de la vigne de Cinsaut. On a essayé de le refaire mais c'est impossible : chaque année est différente. On peut seulement rester dans la continuité, l'esprit. Le reste ne nous appartient pas.

jeudi 7 janvier 2010

Métier n° 4 - Comptabilité



Comment commence l'année de travail d'un vigneron ? Par de la comptabilité : faire le bilan de l'année précédente, rechercher les possibilités de subvention pour les projets en cours, s'apercevoir que la réduction de charges sociales sur la main d'oeuvre temporaire ne concerne que les embauches d'un mois (consécutif) au moins (c'est-à-dire uniquement les très grosses exploitations), que l'aide aux plantations n'est pas accordée parce qu'il y a déjà eu une plantation sur la même parcelle (de l'olivier en l'occurrence). Se poser des questions sur les "ciblages" sociaux et écologiques retenus... et sur l'avenir de la petite viticulture. Et continuer.

lundi 4 janvier 2010

Un peu de neige pour commencer l'année






Un peu de neige dans la nuit du 3 au 4 janvier 2010 : du moins à Vabres, car à Monoblet où se trouvent les vignes, pas un flocon ! comme toujours le temps perturbé s'arrête au "col de la Tourte" (tourterelle) qui sépare les deux communes.

dimanche 3 janvier 2010

Combien de métiers ?





Etre vigneron c'est avoir quatre métiers : cultiver la vigne, produire et élever le vin, le vendre et gérer toute la paperasse administrative (1/3 chacun comme dans la recette du pastis chez Pagnol...)

Une année de vigneron




Une année de vigneron, ça commence par des vacances. A Paris, pourquoi pas ? Même s'il fait si froid que Neptune voudrait bien entraîner les nymphes hors de l'eau pour regagner la Grèce... Et puis, Paris, c'est plein de bistrots à vins ! L'ambiance est d'ailleurs très animée, tous les restaurants sont complets, les files d'attente aux musées interminables, et tout le monde est de bonne humeur. La morosité n'est plus ce qu'elle était : c'est la fin d'année, et on fait la fête. Voilà !